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Raphaël Bodard

Apple Card

Le service peut-il s’implanter en France ?

Banque, Digital, Transformation

Annoncée le 25 mars 2019, l’Apple Card est la dernière invention d’Apple en matière de service de paiement. L’idée : une carte physique entièrement gratuite, accompagnée de tous les services Apple. Ce nouveau produit devrait arriver durant l’été 2019 pour les Etats-Unis, aucune date en revanche ne concerne l’Europe. Certains parlent déjà d’une révolution dans le secteur bancaire. Cependant, certaines fonctionnalités de l’Apple Card risquent fort de ne jamais voir le jour en France.


Une formidable idée marketing

L’Apple Card est une carte de crédit dans le style classique de la firme à la pomme : très épuré. Plus de numéro de carte, plus de date d’expiration, plus de signature. Si vous êtes déjà un adepte du paiement mobile, elle s’intègre naturellement à l’application Wallet des terminaux Apple pour être compatible Apple Pay. En plus d’une carte physique, l’offre est complétée d’une application de gestion financière pour vous permettre de garder un œil averti sur vos dépenses, les catégoriser, retrouver via la géolocalisation quelles dépenses ont été effectuées à quel endroit. Tout cela est annoncé gratuit, sans frais supplémentaire à l’étranger.


Le cashback, c’est quoi au juste ?

Apple Card est le fruit d’une collaboration entre Apple, la banque d’investissement Goldman Sachs et le service de paiement Mastercard. Cette collaboration permet à la firme de Cupertino de proposer une offre de cashback jusqu’à 3% sur chaque transaction. Très répandu aux États-Unis mais relativement discret en France, le cashback consiste à rembourser au payeur, une partie du prix de son achat. Concrètement comment cela fonctionne-t-il ?

Pour chaque transaction, la banque du commerçant doit s’acquitter de ce qu’on appelle une commission d’interchange. Il s’agit d’une partie du montant qu’elle doit reverser à la banque de l’acheteur ainsi qu’au scheme utilisé (Visa, Mastercard). Pour fidéliser leurs clients, les banques qui reçoivent cette commission d’interchange proposent d’en reverser une partie à ces derniers, c’est ce qu’on appelle le cashback. Apple annonce un cashback à 1% pour les transactions via la carte physique, 2% via ApplePay et même jusqu’à 3% de l’achat s’il s’agit d’un produit Apple.

C’est là toute l’ambition de la marque : fidéliser ses utilisateurs. Les capter dans l’écosystème Apple en proposant un service gratuit adossé à une offre sur leurs produits. Le tout en devenant un intermédiaire financier majeur.


Un marché européen trop différent

Mais alors pourquoi l’Apple Card ne peut pas s’imposer en Europe en l’état ? Premièrement, le succès du cashback aux États-Unis réside dans le fait que les commissions d’interchange outre-Atlantique s’élèvent souvent à plus de 2%. En France, elles sont plafonnées à 0.3%. Pour nous proposer ce service, Apple devrait donc mettre la main à la poche, ou parvenir à modifier en profondeur la règlementation en matière de transaction financière. Impossible en l’état donc.

De plus, l’Apple Card est une carte de crédit et non de débit. En France, la majorité des paiements du quotidien se font via une carte de débit qui, comme son nom l’indique, débite le compte bancaire rattaché à la carte. Une carte de crédit quant à elle est rattachée à un crédit renouvelable que le client rembourse mensuellement. Apple assure pratiquer des taux compris entre 13.2% et 24.4% ce qui reste relativement bas. Mais l’idée de financer sa vie quotidienne à crédit n’est pas tout à fait dans les mœurs des français, il faudra là aussi adapter son offre.


Une règlementation européenne très stricte

Dernière limite à apporter au déploiement de l’Apple Card en France, la sécurité des données. Aujourd’hui, la régulation autour de la sécurité des cartes en Europe réside autour de la puce intégrée à toutes les cartes. Apple Card, déplace cette sécurité au niveau du téléphone. Qu’en est-il alors des questions de sécurité technique et de conformité juridique ? Même chose concernant les données personnelles. En proposant ce service, Apple souhaite collecter davantage de nos données pour mieux comprendre nos habitudes de consommation. En Europe, ces données sont protégées par le RGPD. Il faudra à nouveau qu’Apple se plie à ces recommandations et adapte son offre pour la déployer.Plusieurs éléments sont donc à clarifier avant d’espérer voir arriver l’Apple Card en Europe. L’offre de la pomme est certes alléchante pour le public américain et risque de rencontrer un grand succès, mais les habitudes de paiement entre les deux continents son trop différentes pour proposer une offre commune. Quoi qu’il en soit, les ambitions d’Apple sont désormais parfaitement claires : se positionner comme véritable bulle de services autour de son iPhone, entièrement autonome. Et il sera intéressant de voir le milieu bancaire lutter, s’adapter ou faire de nouvelles propositions d’offre d’ici là.



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