Mickaël Toledano
Smart Cities ou le défi de faire adhérer les citoyens
Villes de demain ou utopies ?
Digital, Ecologie
D’après l’ONU, les villes représenteront plus de deux tiers de la population mondiale d’ici 2050 ! Elles doivent s'adapter aux grands enjeux de notre époque : la préservation de l’environnement, la démocratisation de l’espace public et les révolutions technologiques.
Qu’est-ce que c’est une « Smart City »?
Une Smart City est une ville qui utilise les technologies de l'information et de la communication pour améliorer la qualité de vie de ses habitants, optimiser ses infrastructures et services et favoriser la durabilité environnementale.
Comment fonctionnent-elles ?
Le modèle se fonde sur la récolte et l’utilisation massive de données en temps réel partout dans la ville : de votre compteur Linky aux caméras de surveillance en passant par les capteurs météorologiques, l’éventail de données (que l’on nous promet anonymisées) à la disposition des villes est considérable.
Ces données permettent de nombreuses applications concrètes, comme planifier l’arrosage automatique des parcs selon les prévisions de pluie pour économiser de l’eau, modifier l’offre de transports en commun selon la demande en direct aux stations, indiquer les places de voiture libres à proximité pour réduire les trajets et libérer les routes, ou encore mieux gérer les ressources énergétiques, pour réaliser des économies et réduire les gaspillages. Les entreprises privées sont elles aussi invitées à utiliser ces données pour proposer un meilleur écosystème de services pour les citoyens, que ce soit en vous proposant de nouvelles offres de mobilités (trottinettes et vélos électriques en libre-service, VTC et autres services de taxis…) ou des offres de consommation (livraisons de consommation type Deliveroo).
Les Smart Cities sont aussi des Green Cities
L'objectif est de créer des villes plus respectueuses de l'environnement, en réduisant leur empreinte carbone et en favorisant une utilisation plus efficiente des ressources naturelles. Concrètement, le cap de la sobriété énergétique passe par la mise en place d’énergies et de transports décarbonés, ainsi qu’en limitant au mieux le gaspillage énergétique urbain en rénovant et isolant les bâtiments.
Les Smart Cities, trop beau pour être vrai ?
De nombreux projets ont été annulés tant les coûts à engager sont colossaux, et tant les habitudes ont évolué (télétravail, diminution des transports pendant les confinements…). Les Smart Cities font aussi l’objet de vives critiques sur l’utilisation et la récolte massives de données sur les habitants (consommations énergétiques, habitudes de déplacement, habitudes de consommation, etc…). Bien qu’elles soient censées être anonymisées, elles représentent une atteinte potentielle à la vie privée.
Certaines villes arrivent à bien implémenter leur projet de Smart City. C’est par exemple de cas de la ville de Lyon qui a déployé des réseaux énergétiques intelligents capables de faire des prévisions et des économies d’énergie, ainsi qu’un centre de supervision globale de l’exploitation hydraulique de la ville pour préserver les ressources en eau.
En plus de s’appuyer sur les progrès technologiques et privés, les Smart Cities peuvent compter sur des soutiens publics, car les villes intelligentes peuvent bénéficier de subventions écologiques mais aussi parce qu’elles contribuent fortement à l’attractivité et à la compétitivité de la ville sur le plan mondial.
La technologie au service des habitants, pas au détriment des habitants
On l’a vu récemment au sujet du vote sur la fin des trottinettes en libre service à Paris, de nombreux obstacles légaux et démocratiques se dressent face à ces projets, notamment sur le sujet des données & de l'impact sur la qualité de vie. D’ailleurs, le plus grand projet de Smart City mené par une filiale de Google au Canada a capoté en 2021, suite à la démission de leur "privacy expert" qui lui-même, dénonçait les risques d'atteinte à la vie privée de cette initiative ! Si la promesse client de Smart City tend plus vers un fonctionnement à la Big Brother, il y a fort à parier que la population se dressera vend debout et que la loi ne sera pas en faveur de telles initiatives dans les démocraties !
Encore une fois, la technologie doit être un moyen pour répondre aux attentes des citoyens : plus de démocratie, une meilleure information et animation locales, une meilleure gestion des transports et de la mobilité, la lutte contre la pollution de l'air, la gestion des plus âgés et de nos enfants, la sécurité, le développement économique, etc ...